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Wind Mag Juin 2001 - Friendly Challenge

Texte: Steve Palier Photos: Zinou Guiri

Friendly Challenge

Fermez les yeux...

Imaginez une île paradisiaque perdue dans les Caraïbes et une compétition mêlant windsurfeurs et kitesurfeurs, pros et amateurs. Rajoutez du soleil qui cogne, une eau turquoise à 25°C et un bon alizé à 15-20 nœuds pour agrémenter le tout. Vous avez alors les ingrédients du Sxm Challenge, un raid aventure unique autour de l'île de St Martin, un raid freeride comme il n'en existe nulle part ailleurs.

En cette journée du 8 mars, la plage d'Orient bay n'a jamais accueilli autant de windsurfeurs. Les touristes qui déambulent sur le spot idyllique hallucinent encore plus en voyant "décoller ces drôle de cerfs-volants" aux côtés des planches à voile, traçant sur l'eau en vue de la première partie du Sxm-challenge: une remontée au vent vers Tintamare suivie d'un petit tour de cet "îlot", histoire de se mettre en jambe pour le tour complet de St Martin le lendemain.

Cap sur Tintamare

Trente concurrents, windsurfeurs et kitesurfeurs s'élancent sur les eau bleutées d'Orient Bay. La chance est avec les organisateurs puisque l'alizé souffle à un bon 15 nœuds cross-onshore. La remontée au prés n'est pas trop technique car la baie est protégée de la houle. C'est une fois passé le reef au vent de Caye verte que la flotte se disperse, la houle se montrant plus hostile...

Le premier concurrent à franchir la ligne d'arrivée, mouillée sous le vent de la plage de Tintamare, surprend tout le monde: il remporte cette manche de prés sur une Bic Techno de série alors que ses poulains déboulent sur des StarBoard ou F2 de Formula Windsurfing. Ce mutant s'appelle Elie Fuller et vient d'une île voisine, Antigua. Le bougre inquiète d'entrée de jeu les locaux Maricel et Peyronnet qui connaissent le coin comme leur poche.

L'arrivée sur Tintamare est tout simplement hallucinante de beauté. La plus belle fin de course que vous puissiez imaginer, sur une plage de sable blanc quasi-déserte, baignée dans une eau si turquoise qu'elle paraît colorée au bleu de méthylène. Un break est offert avec un lunch à l'ombre d'un grand arbre. Puis, bravant l'hydrocution, les windsurfeurs sont renvoyés à l'eau pour un tour du "caillou" sur lequel ils viennent d'accoster. La houle se montre encore plus importante au vent de l'île où les falaises hostiles donnent quelques frayeurs à certains, qui devront leurs seule survie aux jet-ski de sécu. Mais cela ne dérange nullement ce bon Maricel qui se venge de sa première et mauvaise manche en remportant le tour de Tintamare, boosté par sa "porte" de Course Racing, et suivi par le jeune Questel qui commence à montrer des dents.

Pas de répit. On enchaîne par le retour sur Orient Bay avec une descente au largue plein pot. Y’a plus qu’à s’laisser glisser ! L’arrivée est à l’image de la fameuse régate Hiho : les coureurs abandonnent leur matos en bord de plage et courent jusqu'à un drapeau qu’ils doivent toucher pour valider leur course folle. Excellent ! C’est encore Ricardy Maricel qui calme son monde, même s’il se trouve inquiété, car suivi de prés, par Elie Fuller sur sa Techno ! Un superbe buffet offert par le bikini Beach calera tout le monde après cette première journée. Pas de validation cependant pour les kitesurfeurs, qui se sont juste échauffés les mollets et réglés pour le tour de Saint-Martin prévu demain.

Saint-Martin comme ils ne l’ont jamais vue

Et justement, les réglages ont plutôt interet à être corrects ! Qu’on soit kitesurfeur ou windsurfeur, l’alizé se montre plus costaud pour le gros du Challenge : le tour complet de « l’île du sel » (surnommée ainsi par les Indiens Arawak qui la peuplait auparavant). 45 miles nautiques (85 km) avec une première descente au large jusqu’à la pointe nord (Petites Cayes) puis un grand bord sous le vent de l’île coté français (perturbé car offshore) jusqu’à la Pointe du Canonnier d’ou il faudra tirer de grands bords de prés dans la mer des Caraïbes pour rejoindre pointe Blanche et ses falaises. De là, la libération n’est plus qu’à quelques miles avec un seul et dernier run de vent de travers jusqu'à Orient Bay.

Ce n’est pas une mince affaire. Tous pensent à l’ancien chrono de 3 heures détenu par Ricardy. Et 3 heures (miimum) sur l’eau, avec du vent irrégulier , de la houle, des bords de prés, de largue et un soleil de plomb, c’est long. Mais qu’importe, ils sont motivés par cette occasion unique de voir Saint-Martin comme ils ne l’ont jamais vue, les amateurs comme les pros, les windsurfeurs comme les kitesurfeurs, les filles comme les garçons, les juniors comme les vétérans… Le départ est donné.

L’ancien chrono explose…

Passé au large du spot de surf « Wilderness », les choses commencent à se corser pour les accros du kite qui doivent stopper leur course vers la Pointe du Bluff au nord de l’île, le vent se montrant trop irrégulier pour pousser plus loin. L’immense Baie de Marigot, la Capitale coté français, s’étend sous leur yeux : une

Véritable piscine naturelle bordée de cocotiers et… de magnifiques habitations aux couleurs variées !

Pendant ce temps, les windsurfeurs tirent leur épingle du jeu, et dés les premiers bords sous le vent de l’ile, on retrouve en première ligne les habitués du parcours de Formula comme Rémi Vila le Martiniquais, Antoine Questel de Saint-Barthélémy et Ricardy Maricel. Ils ne vont pas lâcher le morceau, gardant la tête du peloton qui s ‘éparpille et compte déjà quelques abandons.

La Pointe des Cannoniers est passée. Le vent est plus fort coté Caraïbes et la mer est bien plus agitée. Les concurrents entament leurs bords de prés. Du bateau-comité, on ne distingue plus que de petits points éparpillés, brillant entre les creux de la houle. Mais trop concentrés sur leur cap, les coureurs ne prendront pas le temps d ‘apprécier les plages coté hollandais, des étendues de sable blanc sur lesquelles viennent s’échouer de belles vagues…vierges de tous surfeurs et windsurfeurs ! Ce bord de prés semble franchement interminable…

Aux alentours de Philipsburg, la capitale de la partie hollandaise (ou s’est tournée une partie du film Speed 2 :ndlr), se profilent les hautes falaises de Pointe-Blanche. Quelques-uns des concurrents frôlent de trop prés ces géants de roche peu accueillants et se trouvent déventés. La meilleure option est de tailler très au large des falaises, cet ultime bord s’effectuant² vent de travers.²² Les jambes vont respirer. La houle est toujours présente mais le vent plus leger sur ce coté de l’ile. De superbes plages s’étendent le long de la cote au vent : Guana bay, Dawn beach, la Baie Lucas, Le Galion…Autant de rochers saillants, d’ilets torturés, de criques ballottées. Autant de vagues à surfer, de plans d’eau lisses ou glisser, de courants d’air ou voler …La mer et le vent règnent en maître sur cette partie de cote.

Le Galion puis Caye Verte passés, les 12 concurrents restant vont apprécier le retour à la plage, sauf pour l’un d’eux qui abattra un peu trop au point de se faire prendre dans les vagues traiteresses du ref de Caye Verte. Il devra son salut à un jet-ski qui le sortira des sales courants. Son gréement s’en souviendra… Rémi Vila aussi, puisqu’il remporte ce tour de l’ile en explosant l’ancien chrono.

Harassés mais heureux

Rémi Vila est unb habitué des parcours difficiles puisque sa discipline de prédilection, c’est la Course-racing et plus particulièrement la Formula Windsurfing. Avec une planche spécifique (2m70x95cm) sous les pieds, il remporte ce tour de Saint-Martin : « je suis parti avec une 10.6 m2 mais un mauvais réglage. J’ai eu beaucoup de mal au vent arrière mais tout est rentré dans l’ordre quand on est arrivé au prés et au vent de travers. J’avais une bonne avance en arrivant, je termine avec 10 min sur le deuxième et j’explose le record du tour de Saint-martin en 2h26 min ! Ce format de compétition est très convivial. Ca permet d’avoir de bonnes relations entre individus inter-iles ».

Ricardy Maricel le talonne, mais c'est le surprenant Antoine Questel qui grille la ligne en seconde place: "je suis parti tête avec Elie, Rémy et Ricardy, mais ils ont ensuite choisi de tracer vers la terre.Je pense avoir pris une meilleure option car il yavait moins de dévente au large. Mais je me suis fait plaquer une ou deux fois au vent arrière et on s'ext finalement retrouvé tous ensemble pour attaquer le prés. Puis, avec Rémy, Nous avons commencé à nous détacher, mais il allait plus vite malgré tout!"

Spéciale dédicace à Agnés ainsi qu'à Héléne,une locale qui termine le tour malgré un épuisement total:les filles sont dans la place! L'heureux quatrième n'est autre que le "Robinson Crusoé" local, Jean -Marc Peyronnet. Il est suivi par l'acharné Elie Fuller toujours sur sa Bic Techno, tout comme le jeune prodige de St Martin Juju Quentel, 14 ans, qui termine neuvième sur sa Techno 283 de série également.

Harassés mais heureux, tous les concurrents se retrouvent le soir sur la plage d'Orient Bay pour un top buffet au Kontiki Beach. Demain, pas de course pour les windsurfeurs...C'est aux kitesurfeurs d'entrer en action.